Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle 2017
Agences-Spatiales demande aux candidats à l’élection présidentielle 2017 quel est leur programme concernant la politique de l’espace qui doit être menée en France et en Europe.
Ce domaine n’est jamais évoqué par les candidats ou que très rarement malgré l’importance d’une politique spatiale lisible. On imagine mal un président américain ne pas en avoir une pour son pays. Kennedy visait la Lune dans le cadre de la conquête spatiale face à l’URSS. Barack Obama a donné les moyens à la NASA d’engager une future mission habitée vers Mars. Donald Trump et le Congrès américain ont récemment confirmé cet objectif. Les missions habitées lunaires sont également de retour en Russie, en Chine et aux USA que ce soit par la volonté des dirigeants ou celle des nouveaux acteurs privés comme SpaceX ou encore Google avec le Google Lunar X Prize.
Le président de l’agence spatiale européenne, Johann-Dietrich Woerner rêve d’une base permanente sur la Lune, construite en partie avec des imprimantes 3D et avec des robots afin d’assurer une présence humaine constante. Dans le même temps, certains pays ont fait évoluer la loi pour permettre à des entreprises privées d’exploiter les ressources de l’espace et en devenir propriétaires. Le président Obama l’a autorisé aux USA et le Luxembourg en a fait de même. Les enjeux économiques sont extrêmement importants pour la création d’emplois qualifiés, pour le développement de brevets, pour les nouvelles technologies ainsi que dans l’apparition de nouveaux secteurs d’activités encore inconnus ou au stade embryonnaire (tourisme spatial, exploitation minière lunaire ou sur des astéroïdes…).
Les découvertes concernent tous les domaines : médicaux, robotiques, aéronautiques, exploration sous-marine, agriculture, climat; de plus on constate que les missions spatiales passionnent encore les français. L’attrait de nos concitoyens pour Thomas Pesquet en est une preuve tout comme la mission Rosetta l’a été en démontrant le savoir-faire européen.
Dans les deux cas il y a eu un véritable engouement populaire en France. Les français aiment le domaine spatial quand il fait l’actualité. Symboliquement, le président Hollande a appelé son chien Philae ; néanmoins la ministre de l’éducation nationale envoie une directive qui explique que lors d’une éclipse solaire, les enfants doivent rester enfermés dans les classes pour les protéger au lieu de l’observer. Fournir des lunettes aurait sûrement été plus inspiré et plus inspirant pour l’éducation des enfants. On notera en parallèle l’augmentation de 10% des budgets du CNES (2,4 milliards d’euros) et de l‘ESA (5,75 milliards d’euros). Avec 35 euros par an et par français, la France dispose du deuxième budget au monde par habitant derrière celui des États-Unis (50 €). ArianeSpace (entreprise récemment privatisée), l’ESA, Le CNES, la DLR, AirBus et bien d’autres démontrent que l’Europe et la France font partie des grands acteurs internationaux.
Outre l’activité économique, l’exploration de nouveaux mondes, la recherche d’une vie ailleurs que sur Terre (Curiosity, Mars 2020, ExoMars, etc), on trouve aussi des enjeux militaires et stratégiques. L’Europe vient de se doter de Galileo pour ne plus être dépendante du GPS américain. La Chine lance des satellites quantiques pour avoir un système de communication inviolable. Enfin, plusieurs études économiques ont démontré que, pour un euro investi dans l’économie spatiale, les retombées sur l’économie réelle pouvaient être de l’ordre de 20 euros (emplois qualifiés de longue durée, brevets, création de nouveaux marchés). Pour terminer, j’ajouterai que les satellites sont les meilleurs outils pour étudier et surveiller le réchauffement climatique.
L’élection présidentielle 2017 arrive à grands pas et il est intéressant de connaître l’opinion de chaque candidat, pour définir la vision que la France et l’Europe devraient adopter selon eux. Pour cela, je vous demande votre opinion et votre volonté concernant la politique spatiale.
L’ESA avec un budget de 5,75 milliards d’euros est loin des 19,5 milliards de dollars de la NASA. D’après vous, est-ce suffisant ou faut-il débloquer de nouveaux fonds ?
Avec les progrès techniques et l’apparition d’entreprises privées ces dernières années, de nouvelles questions sont apparues. Une société commerciale peut-elle exploiter librement des ressources non terrestres ? Faut-il prévoir un nouveau cadre juridique ?
L’Etat doit-il impulser en France et (ou) au niveau européen un plan spatial plus ambitieux ou au contraire le restreindre voire le mettre de côté ?
Que privilégier dans le domaine spatial (exploration, recherche de vie, étude climatique, technologies futuristes, communication, robotique, médecine, surveillance des astéroïdes,…)?
Dans l’attente d’une réponse qui sera publiée afin de pouvoir partager votre vision de la politique spatiale qui doit être menée en France et au niveau européen.
Ce mail a été envoyé aux onze candidats de l’élection présidentielle 2017. Agences-Spatiales fera suivre les éventuelles réponses.