PicSat le nanosatellite dédié à l’observation de l’exoplanète Beta Pictoris b

Le nanosatellite PicSat
PicSat va fonctionner durant une année en orbite. Pour maximiser le contact avec le nanosatellite, les scientifiques vont faire appel aux radioamateurs du monde entier.Crédit: The PicSat Team /LESIA/OBSPM

PicSat le nanosatellite dédié à l’observation de l’exoplanète Beta Pictoris b

Le nanosatellite PicSat a été lancé le 12 janvier 2018 par l’agence spatiale indienne (ISRO) en compagnie de 36 autres petits satellites. Ce petit Cubesat est équipé d’un télescope de 5 cm de diamètre pour observer l’exoplanète Beta Pictoris b et plus particulièrement sont transit devant son étoile. Le CNRS a publié un communiqué de presse sur ce projet des chercheurs et ingénieurs de l’Observatoire de Paris et du CNRS, avec le soutien de l’Université PSL, du CNES, de l’ERC et de la FONDATION MERAC.

Un nanosatellite français pour percer les mystères de Beta Pictoris (CNRS)

PicSat sera lancé le 12 janvier 2018 pour étudier en continu l’étoile Beta Pictoris, son exoplanète et son célèbre disque de matière, grâce à un télescope de 5 cm de diamètre. Ce nanosatellite a été conçu et construit en trois ans seulement par des chercheurs et ingénieurs de l’Observatoire de Paris et du CNRS, avec le soutien de l’Université PSL, du CNES, de l’ERC et de la FONDATION MERAC.

Il est grand comme trois pommes, ou plutôt comme les trois cubes de 10 centimètres de côté qui le composent. Il n’est pas plus lourd qu’un chat (3,5 kg). Sa consommation électrique, d’environ 5 W, équivaut à celle d’une ampoule économique. Et son télescope ne fait que cinq centimètres de diamètre, comme ceux des astronomes amateurs débutants. Pourtant, ce nanosatellite va permettre de mieux connaitre le système de l’étoile Beta Pictoris, une star du ciel de l’hémisphère Sud.

PicSat
Un télescope de 5 centimètres de diamètre (à gauche) et une fibre optique (au centre) sont installés sur le nanosatellite. Le détecteur de photons n’est pas visible ici. Crédit: The PicSat Team/LESIA/OBSPM

Beta Pictoris n’est qu’à 63,4 années-lumière de nous et très brillante, ce qui la rend facile à étudier. Cela tombe bien : c’est une étoile extrêmement jeune, seulement 23 millions d’années, qui passionne les chercheurs depuis la découverte d’un grand disque de poussières, de gaz et de débris rocheux autour d’elle, au début des années 1980. Ce disque, vestige du nuage primitif qui a donné naissance à l’étoile, est un cas d’étude rare pour les astronomes du monde entier, qui le scrutent régulièrement depuis : mieux connaître Beta Pictoris, c’est mieux comprendre la formation des planètes géantes et des systèmes planétaires en général. En 2009, une équipe française dirigée par Anne-Marie Lagrange1 y a découvert une planète gazeuse géante : Beta Pictoris b, sept fois plus massive que Jupiter, qui tourne autour de son étoile à 1,5 milliard de kilomètres de distance, comme Saturne autour du Soleil. Or, vue de la Terre, la planète Beta Pictoris b pourrait passer devant son étoile d’ici l’été 2018. Observer ce transit, qui se reproduit tous les 18 ans, permettrait de déduire la taille exacte de l’exoplanète, l’étendue et la composition de son atmosphère, et sa composition chimique. Mais un transit de la planète ne durera que quelques heures. Réussir à observer ce phénomène, dont on ne connait pas le moment exact, impose donc une surveillance continue du système planétaire : c’est possible seulement depuis l’espace, notamment pour échapper au cycle jour-nuit et au passage des nuages.

Pour tenter d’observer ce transit, seul un satellite très léger, un nanosatellite, pouvait être développé en un délai très court. PicSat a été conçu puis construit en trois ans seulement, grâce à l’utilisation de modules de base cubiques “CubeSat”, un format conçu aux Etats-Unis, à visée pédagogique, pour des projets étudiants. Pour le CNRS et l’Observatoire de Paris, c’est le tout premier satellite entièrement conçu et intégré dans leurs murs. PicSat est né d’une idée de Sylvestre Lacour, astrophysicien au CNRS, en collaboration avec Alain Lecavelier des Etangs, de l’Institut d’Astrophysique de Paris (CNRS/Sorbonne Université), qui travaille sur le système Beta Pictoris depuis de nombreuses années. Sylvestre Lacour a concrétisé ensuite le projet au sein de son laboratoire, le Lesia (Observatoire de Paris – PSL/CNRS/Sorbonne Université/Université Paris-Diderot) avec une petite équipe de chercheurs et ingénieurs.  C’est ainisi une nouvelle approche instrumentale qui s’amorce pour la recherche spatiale française. Les développements technologiques se sont opérés dans le cadre du pôle spatial C2ERES de l’Université de recherche PSL, sur le site de l’Observatoire de Paris, à Meudon. Le projet PicSat s’est concrétisé principalement grâce à un financement de l’European Research Council (ERC). Il a reçu également le soutien du CNES, du Labex ESEP2 et de la FONDATION MERAC dans le cadre de son programme d’aide aux jeunes chercheurs en astrophysique. PicSat est prévu pour fonctionner pendant un an. Dès qu’il observera le début du transit de la planète ou tout autre phénomène, le télescope de 3,6 mètres de diamètre de l’ESO, à la Silla au Chili, sera immédiatement activé pour observer le phénomène à son tour à l’aide de l’instrument Harps. Associées à celles de PicSat, ses données permettront d’affiner les mesures.

Source

Le communiqué de presse du CNRS publié le 10/01/2017 est ici. Retrouvez également un artcile du CNRS: Les nanosatellites à la conquête de l’espace. Pour tout savoir sur PicSat et suivre son aventure retrouvez le site de la mission ici.