Feu d’artifice galactique : nouvelles images de galaxies proches (ESO)

Feu d'artifice galactique
Cinq galaxies vues avec MUSE sur le VLT de l'ESO dans plusieurs longueurs d'onde de la lumière. Crédit: ESO/PHANGS

Feu d’artifice galactique : nouvelles images de galaxies proches

L’observatoire européen austral (ESO) a publié de nouvelles images de cinq galaxies proches qui ressemblent à une feu d’artifice cosmique. Elles révèlent d’étonnantes caractéristiques. Voici le communiqué de presse scientifique publié par l’ESO le 16 juillet 2021 :

Une équipe d’astronomes a publié de nouvelles observations de galaxies proches qui ressemblent à des feux d’artifice cosmiques hauts en couleur. Les images, obtenues avec le Very Large Telescope de l’Observatoire européen austral (VLT de l’ESO), montrent différents composants des galaxies dans des couleurs distinctes, permettant aux astronomes de localiser avec précision les jeunes étoiles et le gaz qu’elles échauffent autour d’elles. En combinant ces nouvelles observations avec les données de l’Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA), dont l’ESO est partenaire, l’équipe contribue à apporter un nouvel éclairage sur ce qui déclenche la formation des étoiles dans le gaz..

NGC 4303 vue avec MUSE sur le VLT de l'ESO dans plusieurs longueurs d'onde de la lumière
Cette image, prise par le Multi-Unit Spectroscopic Explorer (MUSE) sur le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO, montre la galaxie proche NGC 4303. NGC 4303 est une galaxie spirale, avec une barre d’étoiles et de gaz en son centre. Elle est située à environ 55 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation de la Vierge. L’image est une superposition d’observations réalisées à différentes longueurs d’onde de la lumière pour cartographier les populations stellaires et le gaz chaud. Les lueurs dorées correspondent principalement à des nuages de gaz ionisés d’hydrogène, d’oxygène et de soufre, marquant la présence d’étoiles nouvellement nées, tandis que les régions bleutées en arrière-plan révèlent la distribution d’étoiles légèrement plus anciennes. L’image a été prise dans le cadre du projet PHANGS (Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS), qui réalise des observations à haute résolution des galaxies proches avec des télescopes fonctionnant sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Crédit: ESO/PHANGS

Les astronomes savent que les étoiles naissent dans des nuages de gaz, mais ce qui déclenche la formation des étoiles, et comment les galaxies dans leur ensemble y participent, reste un mystère. Pour comprendre ce processus, une équipe de chercheurs a observé diverses galaxies proches avec de puissants télescopes au sol et dans l’espace, balayant les différentes régions galactiques impliquées dans la naissance des étoiles.

NGC 4254 vue avec MUSE sur le VLT de l'ESO dans plusieurs longueurs d'onde de lumière
Cette image, prise avec le Multi-Unit Spectroscopic Explorer (MUSE) sur le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO, montre la galaxie proche NGC 4254. NGC 4254 est une galaxie spirale de grand style située à environ 45 millions d’années-lumière de la Terre dans la constellation de la Chevelure de Bérénice. L’image est une combinaison d’observations réalisées à différentes longueurs d’onde de la lumière pour cartographier les populations stellaires et le gaz chaud. Les lueurs dorées correspondent principalement à des nuages de gaz ionisés d’hydrogène, d’oxygène et de soufre, marquant la présence d’étoiles nouvellement nées, tandis que les régions bleutées en arrière-plan révèlent la distribution d’étoiles légèrement plus anciennes. L’image a été prise dans le cadre du projet PHANGS (Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS), qui réalise des observations à haute résolution des galaxies proches avec des télescopes fonctionnant sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Crédit: ESO/PHANGS

Eric Emsellem, astronome à l’ESO en Allemagne et responsable des observations basées sur le VLT menées dans le cadre du projet Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS (PHANGS) explique :

Pour la première fois, nous résolvons des groupes d’étoiles qui se forment sur une grande variété de lieux et d’environnements avec un échantillon qui représente bien les différents types de galaxies. Nous pouvons observer directement le gaz donnant naissance aux étoiles, nous voyons les jeunes étoiles elles-mêmes, et nous assistons à leur évolution sur différentes phases.

Eric Emsellem, également affilié à l’Université de Lyon, en France, et son équipe viennent de publier leur dernière série de relevés galactiques, réalisés avec l’instrument MUSE (Multi-Unit Spectroscopic Explorer) sur le VLT de l’ESO dans le désert d’Atacama, au Chili. Ils ont utilisé MUSE pour suivre les étoiles naissantes et le gaz chaud qui les entoure. Le gaz alors illuminé et chauffé par les étoiles signale la formation d’étoiles en cours.

NGC 3627 vue avec MUSE sur le VLT de l'ESO dans plusieurs longueurs d'onde de lumière
Cette image, prise avec le Multi-Unit Spectroscopic Explorer (MUSE) sur le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO, montre la galaxie proche NGC 3627. NGC 3627 est une galaxie spirale située à environ 31 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation du Lion. L’image est une combinaison d’observations réalisées à différentes longueurs d’onde de la lumière pour cartographier les populations stellaires et le gaz chaud. Les lueurs dorées correspondent principalement à des nuages de gaz ionisés d’hydrogène, d’oxygène et de soufre, marquant la présence d’étoiles nouvellement nées, tandis que les régions bleutées en arrière-plan révèlent la distribution d’étoiles légèrement plus anciennes. L’image a été prise dans le cadre du projet PHANGS (Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS), qui réalise des observations à haute résolution des galaxies proches avec des télescopes fonctionnant sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Crédit: ESO/PHANGS

Les nouvelles images MUSE sont maintenant combinées aux observations des mêmes galaxies réalisées avec ALMA et publiées un peu plus tôt cette année. ALMA, qui se trouve également au Chili, est particulièrement bien adapté à la cartographie des nuages de gaz froid – les parties des galaxies qui fournissent la matière première à partir de laquelle les étoiles se forment. En combinant les images de MUSE et d’ALMA, les astronomes peuvent examiner les régions galactiques où la formation d’étoiles a lieu, par rapport à celles où elle est attendue, afin de mieux comprendre ce qui déclenche, stimule ou retarde la naissance de nouvelles étoiles. Les images qui en résultent sont époustouflantes et offrent un aperçu spectaculairement coloré des pouponnières d’étoiles dans nos galaxies voisines.

NGC 1087 vue avec MUSE sur le VLT de l'ESO à plusieurs longueurs d'onde de la lumière
Cette image, prise avec le Multi-Unit Spectroscopic Explorer (MUSE) sur le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO, montre la galaxie proche NGC 1087. NGC 1087 est une galaxie spirale située à environ 80 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation de la Baleine. L’image est une combinaison d’observations réalisées à différentes longueurs d’onde de la lumière pour cartographier les populations stellaires et le gaz chaud. Les lueurs dorées correspondent principalement à des nuages de gaz ionisés d’hydrogène, d’oxygène et de soufre, marquant la présence d’étoiles nouvellement nées, tandis que les régions bleutées en arrière-plan révèlent la distribution d’étoiles légèrement plus anciennes. L’image a été prise dans le cadre du projet PHANGS (Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS), qui réalise des observations à haute résolution des galaxies proches avec des télescopes fonctionnant sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Crédit: ESO/PHANGS

Kathryn Kreckel de l’Université de Heidelberg en Allemagne et membre de l’équipe PHANGS déclare :

Il y a de nombreux mystères que nous voulons élucider. Les étoiles naissent-elles plus souvent dans des régions spécifiques de leurs galaxies hôtes – et, si oui, pourquoi ? Et après la naissance des étoiles, comment leur évolution influence-t-elle la formation de nouvelles générations d’étoiles ?

NGC 1300 vue avec MUSE sur le VLT de l'ESO à plusieurs longueurs d'onde de lumière
Cette image, prise avec le Multi-Unit Spectroscopic Explorer (MUSE) sur le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO, montre la galaxie proche NGC 1300. NGC 1300 est une galaxie spirale, avec une barre d’étoiles et de gaz en son centre, située à environ 61 millions d’années-lumière de la Terre dans la constellation de l’Eridan. L’image est une combinaison d’observations réalisées à différentes longueurs d’onde de la lumière pour cartographier les populations stellaires et le gaz chaud. Les lueurs dorées correspondent principalement à des nuages de gaz ionisés d’hydrogène, d’oxygène et de soufre, marquant la présence d’étoiles nouvellement nées, tandis que les régions bleutées en arrière-plan révèlent la distribution d’étoiles légèrement plus anciennes. L’image a été prise dans le cadre du projet PHANGS (Physics at High Angular resolution in Nearby GalaxieS), qui réalise des observations à haute résolution des galaxies proches avec des télescopes fonctionnant sur l’ensemble du spectre électromagnétique. Crédit: ESO/PHANGS

Les astronomes vont maintenant pouvoir répondre à ces questions grâce à la richesse des données MUSE et ALMA obtenues par l’équipe PHANGS. MUSE recueille des spectres – les “codes-barres” que les astronomes scannent pour dévoiler les propriétés et la nature des objets cosmiques – à chaque endroit de son champ de vision, fournissant ainsi des informations beaucoup plus riches que les instruments traditionnels. Dans le cadre du projet PHANGS, MUSE a observé 30 000 nébuleuses de gaz chaud et recueilli environ 15 millions de spectres de différentes régions galactiques. Les observations ALMA, quant à elles, ont permis aux astronomes de cartographier environ 100 000 régions de gaz froid dans 90 galaxies proches, produisant un atlas d’une précision sans précédent des pouponnières stellaires de l’Univers proche.

En plus d’ALMA et MUSE, le projet PHANGS comprend également des observations du télescope spatial Hubble de la NASA/ESA. Les différents observatoires ont été sélectionnés pour permettre à l’équipe de balayer nos voisins galactiques dans différentes longueurs d’onde (visible, proche infrarouge et radio), chaque gamme de longueur d’onde dévoilant des parties distinctes des galaxies observées. “Leur combinaison nous permet de sonder les différentes étapes de la naissance des étoiles – de la formation des pouponnières stellaires au début de la formation des étoiles proprement dite et à la destruction finale des pouponnières par les étoiles nouvellement nées – avec plus de détails que ne le permettent les observations individuelles”, explique Francesco Belfiore, membre de l’équipe PHANGS, de l’INAF-Arcetri à Florence, en Italie. “Avec le projet PHANGS c’est la première fois que nous sommes en mesure de constituer une représentation aussi complète, en réalisant des images suffisamment nettes pour voir de manière individuelle les nuages, les étoiles et les nébuleuses qui indiquent la formation d’étoiles.”

Les travaux menés dans le cadre du projet PHANGS seront affinés par les télescopes et instruments à venir, tels que le télescope spatial James Webb de la NASA. Les données ainsi obtenues jetteront les bases d’observations avec le futur ELT (Extremely Large Telescope) de l’ESO, qui commencera à fonctionner dans le courant de la décennie et permettra d’examiner encore plus en détail les structures des pouponnières stellaires.

“Aussi remarquable que soit PHANGS, la résolution des cartes que nous produisons est tout juste suffisante pour identifier et séparer les nuages de formation d’étoiles individuellement, mais pas assez bonne pour voir en détail ce qui se passe à l’intérieur”, a fait remarquer Eva Schinnerer, chef de groupe de recherche au Max Planck Institute for Astronomy en Allemagne et chercheuse principale du projet PHANGS, dans le cadre duquel les nouvelles observations ont été menées. “Les nouveaux efforts d’observation de notre équipe et d’autres personnes repoussent les limites dans cette direction, nous avons donc des décennies de découvertes passionnantes devant nous.”

Source

Le communiqué de presse publié par l’ESO le 16/07/2021 est ici