Des trous noirs supermassifs se nourrissent de méduses cosmiques (ESO)

nouveau mode d’alimentation des trous noirs supermassifs
Un exemple de galaxie méduse, baptisée XXX, acquise au moyen de l’instrument MUSE qui équipe le Very Large Telescope de l’ESO au Chili, montre clairement l’échappement de la matière galactique sous l’aspect de longs filaments. Crédits ESO/GASP collaboration

L’instrument MUSE installé sur le VLT de l’ESO découvre un nouveau mode d’alimentation des trous noirs supermassifs

Un nouveau communiqué de presse scientifique de l’ESO a été publié le 19 août denier. Des scientifiques ont découvert un nouveau mode d’alimentation des trous noirs supermassifs.

Un exemple de galaxie méduse
Un exemple de galaxie méduse, baptisée XXX, acquise au moyen de l’instrument MUSE qui équipe le Very Large Telescope de l’ESO au Chili, montre clairement l’échappement de la matière galactique sous l’aspect de longs filaments. Crédits ESO/GASP collaboration

Des observations de “galaxies méduses” effectuées au moyen du Very Large Telescope de l’ESO ont révélé l’existence d’un nouveau mode d’alimentation des trous noirs supermassifs. Il semble en effet que le processus conduisant à la formation des tentacules de gaz et des toutes jeunes étoiles, un processus à l’origine du surnom donné à ces galaxies, permette également au gaz d’atteindre les régions centrales des galaxies, alimentant par là même le trou noir qui y siège et lui conférant cette brillance élevée. Les résultats de cette étude paraîtront ce jour dans la revue Nature.

Une équipe dirigée par des astronomes italiens a utilisé l’instrument MUSE (Explorateur Spectroscopique Multi-Unités) qui équipe le Very Large Telescope (VLT) à l’Observatoire de Paranal de l’ESO au Chili pour étudier le processus responsable de l’échappement du gaz des galaxies. Ils se sont intéressés aux cas extrêmes que constituent les galaxies médusessituées au cœur d’amas de galaxies proches, soit à ces galaxies dont l’appellation résulte de longs “tentacules” de matière qui s’étendent sur plusieurs dizaines de milliers d’années-lumière au-delà du disque de ces galaxies.Les tentacules des galaxies méduses résultent du processus de balayage par pression dynamique qui survient dans les amas de galaxies. Leur attraction gravitationnelle mutuelle se traduit par la chute, à vitesse élevée, des galaxies sur les amas de galaxies, où elles rencontrent un gaz de température et de densité élevées qui se comporte à l’image d’un vent puissant qui éjecte les queues du gaz à l’extérieur du disque des galaxies et déclenche la formation d’étoiles en leur sein.Six des sept galaxies méduses de l’échantillon considéré abritent un trou noir supermassif en leur cœur, qui se nourrit du gaz environnant. Cette proportion est étonnamment élevée – en moyenne, seules dix pour cent des galaxies sont concernées.

“L’existence de ce lien étroit entre le balayage par pression dynamique et les trous noirs actifs n’a pas été envisagée et n’a jamais été rapportée auparavant”, explique Bianca Poggianti de l’INAF – Observatoire Astronomique de Padoue en Italie, qui dirige l’équipe. “Il semble que le trou noir central se nourrisse du gaz qui atteint les régions centrales de la galaxie au lieu de s’en éloigner.”

La raison pour laquelle seule une infime proportion des trous noirs supermassifs qui occupent les centres galactiques sont actifs est longtemps demeurée inconnue. En effet, les trous noirs supermassifs occupent la plupart des centres de galaxies. Pourtant, seule une fraction d’entre eux accrète de la matière et brille intensément. Les résultats de cette étude révèlent l’existence d’un mode d’alimentation encore inconnu des trous noirs. Yara Jaffé, post-doctorante de l’ESO ayant contribué à cette étude, d’ajouter : “Ces observations de MUSE suggèrent l’existence d’un nouveau mode d’écoulement du gaz dans les environs du trou noir. Ce résultat est important : il offre une nouvelle clé de compréhension des liens unissant les trous noirs supermassifs à leurs galaxies hôtes”. Ces observations s’insèrent dans le cadre d’une étude approfondie d’un plus grand nombre de galaxies méduses actuellement en cours.

“Lorsqu’il sera finalisé, ce sondage révèlera le nombre ainsi que l’identité des galaxies riches en gaz qui, lorsqu’elles pénètrent à l’intérieur d’amas, connaissent une phase d’intensification d’activité de leur noyau central” conclut Bianca Poggianti. “Les processus de formation et d’évolution des galaxies au sein de notre Univers en constante expansion figurent parmi les plus grands mystères de l’astronomie. Parce qu’elles sont observées en pleine phase de transformation spectaculaire, les galaxies méduses offrent des clés de compréhension de l’évolution des galaxie.

Source

L’intégralité du communiqué de presse de l’ESO est ici.