L’astéroïde Hygiea est-il la plus petite planète naine du Système Solaire ?

Image d’Hygiea acquise par SPHERE
Nouvelle image d’Hygiea acquise par SPHERE/VLT. Hygiea pourrait bien être la plus petite planète naine du Système Solaire. En sa qualité d’objet de la principale ceinture d’astéroïdes, Hygiea satisfait d’emblée à trois des quatre conditions nécessaires à le qualifier de planète naine : il orbite autour du Soleil, il n’est pas une Lune et, à la différence d’une planète, il n’a pas nettoyé les environs de son orbite. Le fait qu’il possède une masse suffisante pour que sa propre gravite lui confère une forme à peu près sphérique constitue la quatrième et dernière condition. De nouvelles observations effectuées au moyen du VLT ont permis de lever cette inconnue. Crédit : ESO/P. Vernazza et al./MISTRAL algorithm (ONERA/CNRS)

L’astéroïde Hygiea est-il la plus petite planète naine du Système Solaire ?

L’astéroïde Hygiea a été découvert en 1849. Il est le quatrième plus gros objet situé dans la ceinture d’astéroïdes. De nouvelles observations effectuées par un des télescopes de l’Observatoire Européen Austral (ESO) semble indiquer qu’il s’agirait en réalité de la plus petite planète naine de notre système solaire. Voici le communiqué de presse scientifique publié par l’ESO le 28 octobre dernier :

Des observations effectuées au moyen de l’instrument SPHERE qui équipe le Very Large Telescope (VLT) de l’ESO invitent les astronomes à classer l’astéroïde Hygiea parmi les planètes naines. Ses dimensions le situent en quatrième position des objets les plus gros de la ceinture d’astéroïdes après Cérès, Vesta et Pallas. Pour la toute première fois, et grâce à des clichés dotés d’une résolution suffisamment élevée, les astronomes ont pu étudier sa surface, déterminer sa forme ainsi que sa taille. Il est ainsi apparu qu’Hygiea arbore une forme sphérique, et détrône probablement Cérès de son rang de planète naine la plus petite du Système Solaire.

Image d’Hygiea acquise par SPHERE
Nouvelle image d’Hygiea acquise par SPHERE/VLT. Hygiea pourrait bien être la plus petite planète naine du Système Solaire. En sa qualité d’objet de la principale ceinture d’astéroïdes, Hygiea satisfait d’emblée à trois des quatre conditions nécessaires à le qualifier de planète naine : il orbite autour du Soleil, il n’est pas une Lune et, à la différence d’une planète, il n’a pas nettoyé les environs de son orbite. Le fait qu’il possède une masse suffisante pour que sa propre gravite lui confère une forme à peu près sphérique constitue la quatrième et dernière condition. De nouvelles observations effectuées au moyen du VLT ont permis de lever cette inconnue. Crédit : ESO/P. Vernazza et al./MISTRAL algorithm (ONERA/CNRS)

En sa qualité d’objet de la principale ceinture d’astéroïdes, Hygiea satisfait d’emblée à trois des quatre conditions nécessaires à le qualifier de planète naine : il orbite autour du Soleil, il n’est pas une Lune et, à la différence d’une planète, il n’a pas nettoyé les environs de son orbite. La quatrième et dernière condition serait qu’il possède une masse suffisante pour que sa propre gravité lui confère une forme à peu près sphérique. Or, de nouvelles observations effectuées au moyen du VLT ont permis de lever cette inconnue. Pierre Vernazza, auteur principal de cette étude et chercheur au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille déclare :

L’instrument SPHERE installé sur le VLT possède des caractéristiques uniques, qui en font l’un des systèmes d’imagerie les plus puissants au monde, et ont permis de déterminer la forme d’Hygiea – une forme à peu près sphérique. Sur la base de ces images, Hygiea peut désormais être qualifié de planète naine la plus petite du Système Solaire.”

Images de Hygiea, Vesta et Cérès acquises par SPHERE
De nouvelles observations effectuées au moyen de l’instrument SPHERE qui équipe le Very Large Telescope de l’ESO ont révélé que la surface d’Hygiea ne présentait aucune trace du vaste cratère d’impact attendu par les scientifiques. Sa formation résultant de l’un des plus gros impacts survenus dans la ceinture d’astéroïdes, ils s’attendaient à trouver une marque visible, profonde et étendue, semblable à celle figurant à la surface de Vesta (en bas à droite du panneau central). Cette nouvelle étude révéla également la forme sphérique d’Hygiea, détrônant ainsi Cérès du rang de plus petite planète naine du Système Solaire. L’équipe a utilisé les observations de SPHERE pour contraindre la taille d’Hygiea, et établir son diamètre à quelque 430 km, tandis que celui de Cérès avoisine les 950 km. Crédit: ESO/P. Vernazza et al., L. Jorda et al./MISTRAL algorithm (ONERA/CNRS)
Localisation d’Hygiea au sein du Système Solaire

Sur cette animation figure l’orbite décrite par Hygiea au sein de notre Système Solaire. A l’image de Cérès, Hygiea se situe dans la principale ceinture d’astéroïdes, soit entre les orbites de Mars et Jupiter. Jadis classé parmi les astéroïdes, de nouvelles observations effectuées au moyen de l’instrument SPHERE qui équipe le VLT ont permis de requalifier le statut d’Hygiea : sa forme sphérique lui confère en effet le statut de planète naine. Elle serait ainsi la plus petite planète naine connue de notre Système Solaire, après Cérès.

L’équipe a également utilisé les observations de SPHERE pour contraindre la taille d’Hygiea, et établir son diamètre à quelque 430 km. Pluton, la plus célèbre des planètes naines, est caractérisé par un diamètre voisin de 2400 km. Celui de Ceres en revanche avoisine les 950 km.En outre, les observations ont révélé que la surface d’Hygiea ne présentait aucune trace du vaste cratère d’impact attendu par les scientifiques, comme en témoigne l’étude parue ce jour au sein de la revue Nature Astronomy. Hygiea est le principal membre de l’une des familles d’astéroïdes les plus étendues parce que constituée de près de 7000 membres originaires d’un seul et même corps parent.  Les astronomes s’attendaient à ce que l’événement ayant conduit à la formation de cette famille nombreuse ait laissé une marque visible, profonde et étendue, à la surface d’Hygiea. Pierre Vernazza ajoute :

Ce résultat constitue une véritable surprise. Nous nous attendions en effet à constater la présence d’un vaste cratère d’impact, tel celui figurant à la surface de Vesta“. En réalité, seuls deux cratères ont pu être identifiés avec certitude sur les clichés couvrant 95% de la superficie totale d’Hygiea.

Miroslav Brož de l’Institut d’Astronomie de l’Université Charles de Prague en République Tchèque, par aileurs co-auteur de l’étude précise :

Aucun de ces deux cratères n’a pu résulter de l’impact ayant donné naissance à la famille d’astéroïdes d’Hygiea, dont le volume avoisine celui d’un objet de 100 km de diamètre. Ils sont bien trop petits.

L’équipe a décidé de poursuivre ses investigations. Au moyen de simulations numériques, ils ont établi que la forme sphérique d’Hygiea et sa grande famille d’astéroïdes résultent probablement d’une collision frontale majeure avec un gros projectile doté d’un diamètre compris entre 75 et 150 km. Leurs simulations retracent ce violent impact vraisemblablement survenu quelque 2 milliards d’années plus tôt, et responsable de la destruction complète du corps parent. Après avoir réassemblé les pièces du puzzle, ils ont conféré à Hygiea sa forme sphérique et l’ont doté de ses milliers d’astéroïdes compagnons. “La survenue d’une telle collision entre deux grands corps de la ceinture d’astéroïde est unique durant les 3-4 derniers milliards d’années”, explique Pavel Ševeček, doctorant à l’Institut d’Astronomie de l’Université Charles, qui a également participé à cette étude.

L’étude détaillée des astéroïdes est permise grâce aux avancées effectuées dans le calcul numérique et grâce à la mise en place de télescopes toujours plus puissants. “Grâce au VLT et à l’instrument d’optique adaptative de nouvelle génération SPHERE, nous sommes désormais en mesure d’acquérir des clichés de la principale ceinture d’astéroïdes dotés d’une résolution sans précédent, et donc de combler le vide entre les observations effectuées depuis le sol d’une part, les missions interplanétaires d’autre part”, conclut Pierre Vernazza.

Source

Le communiqué de presse scientifique publié par l’ESO le 28/10/2019 est ici