Les tornades solaires ne sont pas des tornades (CNRS-INSU)

tornades solaires
Image de la vidéo publiée par l'Observatoire de Paris.

Les tornades solaires ne sont pas des tornades (CNRS-INSU)

Une équipe de chercheurs européens a analysé les tornades solaires pour mieux comprendre ce phénomène. Les résultats ont été communiqués le vendredi 6 avril 2018, à la conférence European Week of Astronomy and Space Science (EWASS) à Liverpool. Il s’avère que les tornades solaires ne tournent pas contrairement aux apparences, Il s’agit de protubérances. On doit donc parler maintenant de protubérances-tornades solaires. Ces observations ont fait l’objet d’un communiqué de presse scientifique publié le 10 avril 2018 par le CNRS.

Vidéo de l’Observatoire de Paris

Les tornades solaires géantes mettent les chercheurs en ébullition

Une récente analyse des tornades solaires, structures observées à la surface du Soleil, gigantesques par leur taille pouvant atteindre plusieurs fois celle de la Terre, montre que ce phénomène a été mal décrit, car observé uniquement sur des images en deux dimensions. Le phénomène a été observé pour la première fois au début du XXe siècle, à la surface du Soleil. Plus récemment, il a été filmé de près grâce à des instruments comme AIA équipant la sonde SDO de la NASA (Solar Dynamics Observatory), mais continuait d’être appelé “tornade” par les scientifiques, à tort. Les films montrent en effet un plasma très chaud, visible en lumière ultra-violette, qui en apparence tourne sur lui-même en formant des structures géantes, à l’image des tornades qui surviennent sur la Terre. Pour appréhender plus en détail ce phénomène, les scientifiques ont alors cherché à obtenir une troisième dimension, en combinant des données observationnelles, recueillies depuis plusieurs années sur différents types d’instruments au sol (Tour solaire de l’Observatoire de Paris, spectrohéliographe de l’Observatoire de Paris, télescope solaire Thémis de l’Observatoire du Teide) et dans l’espace (satellites SDO, Hinode et IRIS). En déterminant l’effet Doppler, ils ont pu calculer la vitesse du plasma (40 kilomètres par seconde) ainsi que la direction de son mouvement, sa température et sa densité. Ils sont ainsi parvenus à “reconstruire” la structure magnétique complète qui soutient ces masses géantes. Ils en ont déduit qu’il s’agissait de structures bien connues par ailleurs et étudiées sous le nom de “protubérances”.

Une protubérance solaire
Image composite d’une protubérance solaire en éruption observée par SDO le 31 août 2012. Crédits : NASA / SDO / GSFC.

Les tornades géantes solaires, désormais rebaptisées “protubérances en tornade”, ont été observées pour la première fois sur le Soleil il y a environ un siècle. Elles avaient ainsi été nommées en raison du mouvement apparent de leur rotation, semblable à celui des tornades terrestres, mais cette perception était erronée. De fait, la comparaison avec des tornades terrestres s’avère abusive. Alors que celles-ci sont provoquées par des vents intenses, les protubérances-tornades solaires se forment à partir de gaz magnétisés enracinés sous la surface du Soleil, sans déplacement. Ce sont en fait les pieds des protubérances.

Nicolas Labrosse, chercheur à l’Université de Glasgow (School of Physics and Astronomy) explique:

« Nous voyons qu’en dépit de l’apparence verticale des tornades et des protubérances au bord du Soleil, le champ magnétique qui les soutient n’est pas vertical, comme il semblait, mais horizontal, parallèle au bord du Soleil. Leur apparente verticalité est un effet dû à la projection de toutes les structures sur le plan du ciel »

Arturo López Ariste, chercheur CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Université de Toulouse Paul Sabatier/CNRS) précise:

« Cet effet est similaire aux traînées d’un avion laissées dans le ciel. Si l’avion vole toujours à la même altitude, sa traînée semble s’interrompre sur la ligne d’horizon. Cela ne veut pas pour autant dire que l’avion s’est écrasé au sol»

Brigitte Schmieder, astronome de l’Observatoire de Paris – PSL ajoute:

« Pour une fois, la réalité est beaucoup plus simple que ce que l’on a cru observer.  Ces protubérances-tornades peuvent être stables pendant plusieurs jours et mois, avant d’exploser et de provoquer des éjections de masse coronale dont les conséquences dans l’environnement terrestre sont connues au titre de la météorologie spatiale. Elles peuvent entraîner des perturbations dans les centrales électriques, les satellites et les réseaux de communications sur Terre »

Source

L’intégralité du communiqué de presse scientifique CNRS-INSU publié le 10/04/2018 est ici. L’Observatoire de Paris, qui a participé à cette étude, a publié un article ici.