Le nanosatellite PicSat ne répond plus (CNRS)
Le nanosatellite PicSat a été lancé le 12 janvier 2018 par l’agence spatiale indienne (ISRO) en compagnie de 30 autres petits satellites (Cf. Vidéo du lancement et du déploiement des 31 satellites). Ce petit télescope spatial français était dédié à l’observation de l’exoplanète Beta-Pictoris. Malheureusement, depuis le 20 mars à 7 heures du matin (heure de Paris), PicSat ne répond plus. Le CRS a publié une interview du directeur de la mission, l’astrophysicien Sylvestre Lacour. Extrait:
Le contact a été perdu avec le nanosatellite PicSat, un nanosatellite d’environ 30 centimètres de long, qui devait permettre d’observer une exoplanète lors de son passage devant son étoile. Où en estla mission aujourd’hui ?
Sylvestre Lacour : Les dernières données que nous avons reçues proviennent d’un radioamateur brésilien, le 20 mars vers 13 heures UTC. Il a pu observer le passage du satellite et a reçu la télémétrie. Tout était nominal : température et charges des batteries, communication, etc. Mais vingt minutes plus tard, en passant au-dessus de l’Indonésie, après le pôle Sud, plus rien. Depuis, PicSat a dû faire plus de 300 fois le tour de la Terre sans que nous ayons pu rétablir le contact.
Et vous avez même demandé de l’aide à la Nasa pour essayer de le localiser ?
S. L. : Nous avons fait appel à l’ensemble des radioamateurs autour du monde ayant à leur disposition des grandes antennes. Nous avons en effet aussi fait appel à la Nasa, qui a un service de suivi des longueurs d’onde UHF. Ils ont des antennes sur l’île de Wallops qui font 18 mètres de diamètre et sont capables de suivre des signaux très faibles, mais ils n’ont rien trouvé. Nous avons bien sûr tenté de rétablir le contact, en envoyant des commandes de réinitialisation, etc. Mais depuis le 20 mars, nous n’avons plus aucun signe de ce satellite. C’est donc avec le cœur serré que nous avons annoncé la fin de cette mission le jeudi 5 avril. Nous passons désormais en phase de réflexion et d’analyse, et cessons les tentatives de communication, même si, au cas où, on continue d’écouter régulièrement les fréquences du satellite.
Cette mission devait durer un an, avez-vous pu obtenir des données scientifiques ?
S. L. : C’est là notre plus grand regret, nous étions toujours en phase préparatoire. Nous étions justement en train de résoudre les problèmes de pointage du satellite. Pendant ces deux mois, le nanosatellite PicSat avait du mal à pointer directement l’étoile Beta Pictoris, et nous travaillions avec les ingénieurs pour bien orienter les outils d’observation. Nous allions aussi mettre à jour le logiciel pour avoir une nouvelle version plus fiable et commencer les observations scientifiques. D’un point de vue purement astrophysique, cette mission est malheureusement un échec.
Source
L’intégralité de l’interview publié le 11/04/2018 sur le site du CNRS est disponible ici.